[MUSIQUE] [MUSIQUE] L'empathie est la capacité à percevoir, reconnaître, comprendre l'état émotionnel de l'autre, tout en adoptant son point de vue sans contagion de son émotion. C'est une compétence sociale qui est vraiment très importante parce qu'elle permet de bien interagir avec ses proches. C'est une compétence sociale vraiment extrêmement cruciale parce qu'elle va se mettre en place progressivement tout au cours de la vie et on sait qu'elle est vraiment indispensable pour tous les autres sens ou compétences sociales qui seront décrits prochainement. Mais par exemple, au niveau neurologique, on a montré que voir quelqu'un qui souffre, ou moi-même souffrir de la même douleur, active les mêmes zones cérébrales. Ce qui est assez incroyable, c'est-à-dire que je vois mon prochain souffrir parce qu'on le brûle sur sa main par exemple ou que moi on me brûle la main de la même façon, eh bien, nous aurons les mêmes aires cérébrales qui s'activent, ce qui montre bien cette capacité à se mettre à la place de l'autre, à éprouver émotionnellement ce que l'autre ressent. Et là, nous allons voir que chez l'enfant, c'est une compétence qui va se mettre en place progressivement parce qu'elle implique tout un tas de compétences préalables. Une des premières compétences préalables est cette capacité à réagir affectivement à une situation. Pour que je puisse identifier que mon prochain a un problème et que ça affecte, moi aussi je suis en détresse parce que je le vois aussi en détresse, je dois être capable d'identifier ses propres émotions, c'est-à-dire de comprendre que là, ce qu'il est en train d'exprimer, c'est ça qui provoque son émotion ou sa détresse, et du coup, je dois être capable de décoder ce phénomène-là. Nous avons vu dans les modules précédents, que c'est vraiment quelque chose qui va se développer progressivement avec l'âge. Donc ça c'est la première condition indispensable pour faire preuve d'empathie. Mais il existe une seconde condition, c'est de se mettre à la place de l'autre, c'est-à-dire d'être capable de faire ce qu'on appelle la théorie de l'esprit, c'est-à-dire d'imaginer que ce que l'autre ressent est différent de ce que moi je ressens. Et du coup, cette capacité cognitive va prendre du temps au cours du développement, et on a vu que ce n'était pas avant trois, quatre, cinq ans que l'enfant va être capable de se rendre compte que la personne qui est en face de moi peut éprouver un état mental différent du mien et que tout le monde ne pense pas comme moi. La troisième condition c'est le fait que je ne dois pas me laisser contaminer par ses émotions, que moi je suis différent de l'autre. Et l'enfant doit être capable de différencier son soi du soi de l'autre, et qu'il n'y a pas de contagion de l'émotion de l'autre qui a provoqué cette détresse. Ces trois conditions, le fait que je sois capable de réagir affectivement et donc d'identifier ses émotions, le fait que je comprends son état mental, et que troisièmement, son état mental ne me contamine pas, fait que je vais pouvoir développer ma capacité d'empathie, c'est-à-dire cette capacité à se mettre à la place de l'autre. Le développement de l'empathie s'effectue en plusieurs phases successives. Les chercheurs en ont identifié cinq. La première phase du développement de l'empathie est une phase où les bébés réagissent de façon innée aux détresses de leur environnement. C'est-à-dire, par exemple, si un bébé entend des pleurs dans son environnement, il va se mettre à pleurer, donc, il y a vraiment une réaction. Mais par contre, si on lui fait écouter ses propres pleurs, ça va le calmer et il va arrêter de pleurer. Donc ça montre bien que les bébés, dans les premiers mois de la vie, sont capables de différencier la détresse qui est présente dans leur environnement et leur propre détresse. Ensuite, à partir de six mois, dans une seconde phase, les bébés vont commencer à réagir plus spécifiquement à des comportements de détresse qu'ils identifient dans leur environnement. Ils voient quelqu'un dans leur environnement, un autre bébé qui est triste, et eux-mêmes vont se mettre à avoir aussi un comportement ou une émotion triste, et à réagir et à produire aussi un comportement qui provoque de la tristesse. Mais il n'y aura pas d'action, ça sera simplement une première réaction, ça restera très égocentrique. Il ne s'agira pas d'essayer de comprendre, c'est simplement une réaction émotionnelle à la situation de l'autre. Après, à partir de douze mois jusqu'à quatre, cinq, six ans, les enfants vont comprendre de plus en plus les situations de détresse et essayer d'y faire face, mais toujours avec un point de vue égocentrique. Par exemple, à trois, quatre, cinq ans, les jeunes enfants vont identifier que leur camarade est triste, qu'il a un problème. Ça va les affecter et ils vont adopter un comportement qui va essayer de répondre à cette détresse et de réduire cette détresse. Mais comme ils adoptent un point de vue égocentrique, ils vont produire un comportement qui ne correspond pas, qui n'est pas adapté à leur camarade. Par exemple, ils vont aller chercher leur propre doudou, leur propre maman, parce que lui il sait à cet âge-là que ça réduit sa détresse, mais par contre, ce n'est pas du tout pertinent pour son camarade. Et il faudra attendre six, sept ans pour que l'enfant puisse adopter le bon comportement qui correspond vraiment aux attentes de son camarade qui est triste. S'il est triste, j'ai identifié qu'il a un problème, je sais que pour résoudre mes problèmes, je dois aller chercher par exemple mon doudou, ma maman, mon papa. Pour lui, je sais que je dois aller chercher son doudou, sa maman ou son papa. Et là je vais devoir me mettre à sa place et produire le bon comportement social qui va l'aider à dépasser sa tristesse et son problème. Après, toujours pareil avec le développement de ses capacités cognitives, à partir de 10, 12 ans, les jeunes enfants vont être capables d'être en empathie avec des choses qui ne sont pas forcément là sous les yeux, mais ils vont être capables d'être sensibles à la souffrance qui existe dans le monde, à la faim ou à des situations qui vont les toucher en toute sincérité, et ils vont produire tout un tas de comportements comme faire du militantisme, aider des associations ou aller faire une petite main, proposer des tâches pour essayer d'aider par exemple des gens qui ont des problèmes, qui sont dans le besoin, indépendamment de ce qu'il y a sous leurs yeux. Ils auront vraiment une conscience morale qui va se développer. Il est très important aussi d'aider son enfant à mieux comprendre comment identifier les émotions chez l'autre, chez son camarade ou chez d'autres personnes, pour l'aider à mieux gérer lui-même ses propres émotions, et accompagner le développement de son empathie. Et une technique qui est très efficace, c'est essayer de l'aider à justement adopter différents points de vue. Face à une même situation où tout le monde est d'accord pour dire que ça provoque de la détresse ou quelque chose qui ne va pas, il faut aider notre enfant à identifier les causes qui provoquent cette détresse, et se mettre à sa place. Tu vois un tel, il est triste parce que quelqu'un lui a pris son jouet, sa voiture ou son Playmobil. Et à ton avis, pourquoi il est triste? Et il va devoir comprendre quelles sont les causes qui provoquent cette détresse, et l'aider à se mettre à la place de. Et toi, à ta place, si je te prenais ton Playmobil ou ta voiture, qu'est-ce que tu ressentirais? Et ces exercices où on fait changer les points de vue, toi à cette place, qu'est-ce que tu ressentirais, qu'est-ce que ça provoquerait pour toi comme émotion, ça va l'aider à mieux comprendre ce que la personne est en train de vivre, et à mieux adapter après ses propres comportements et ses interactions sociales avec ses camarades pour que ça se passe le plus harmonieusement possible. [MUSIQUE]