[MUSIQUE] Elle, c'est Valérie Fernandez. Lui, c'est Thomas Houy. Ils sont tous les deux enseignants chercheurs à Télécom Paris. >> Une partie de notre métier consiste à scruter le monde professionnel et une autre partie de notre métier nous amène à produire des articles scientifiques et donc à analyser la littérature académique. >> Donc, d'un côté, on observe les pratiques des entreprises, et de l'autre côté, on voit comment progressent les connaissances scientifiques sur un sujet. >> Grâce à cette double exposition au contact des professionnels et des chercheurs, Valérie et Thomas ont tiré une série d'observations. >> Notre première observation c'est que les praticiens sont amenés à prendre des décisions dans un monde de plus en plus incertain, dans un contexte qui est devenu de plus en plus imprévisible. Quelque soit le niveau où se prend la décision, les bouleversements environnementaux, sociétaux, numériques les amènent à agir dans un monde instable. >> Notre deuxième observation c'est que nombre de chercheurs ont fait des percées remarquables sur le sujet de l'incertain et ce dans différentes disciplines des sciences sociales. Il y a un foisonnement de travaux qui permettent aujourd'hui de mieux comprendre les modes d'action et de réflexion à mobiliser dans l'incertain. >> Malheureusement, ces résultats académiques ne sont pas parvenus aux professionnels, alors même qu'il en tireraient un grand bénéfice. Les praticiens pourraient vraiment sensiblement améliorer leur prise de décision dans l'incertain s'ils avaient connaissance de ces avancées scientifiques. Face à ce constat, Valérie et Thomas se sont engagés dans un travail original visant à rapprocher les mondes académiques et professionnels en concevant un outil d'aide à la décision dans l'incertain à destination des praticiens, le DMC. Cet outil a une intention claire et ambitieuse. >> Aider n'importe quel agent économique à prendre une décision intelligente dans un contexte d'incertitude. >> On peut d'ailleurs rappeler que la plupart des outils utilisés par les professionnels, qu'il s'agisse des business plans, des études de marché ou des démarches de benchmark ont été développés pour agir dans un environnement économique qui n'est plus celui d'aujourd'hui. Dans le contexte d'incertitude qui caractérise désormais la plupart des projets, il était essentiel de renouveler les outils de gestion à disposition des professionnels. >> La promesse de notre outil, le DMC, c'est de permettre aux professionnels d'actionner les derniers résultats de la recherche scientifique. Dans l'incertain, les décisions des professionnels sont souvent des paris. On leur propose de transformer ces paris en stratégies éclairées et en actions ingénieuses et minutieusement pensées. [MUSIQUE] >> Pour être très concret, en utilisant le DMC, les professionnels vont pouvoir s'offrir deux garanties. La première garantie c'est qu'ils vont pouvoir profiter des dernières avancées scientifiques dans toutes les disciplines qui ont quelque chose à dire sur la prise de décision dans l'incertain. >> La prise de décision en environnement incertain soulève des questionnements multiples qui ont été traités par différentes disciplines, la psychologie, l'économie, le management, les mathématiques appliquées. Nous avons donc été chercher l'état de l'art de toutes ces sciences. On en a extrait la valeur pour concevoir et nourrir un outil à la disposition des professionnels. >> Notre intention c'est d'amener les professionnels à la frontière de l'innovation. >> La deuxième garantie du DMC c'est que les professionnels vont pouvoir débiaiser leur prise de décision. >> Effectivement, face à une situation d'incertitude, on observe que les agents économiques sont très souvent victimes de biais cognitifs. C'est Daniel Kahneman, prix Nobel d'économie en 2002 qui l'a analysé dans ses travaux. Avec le DMC, nous proposons un outil qui permet aux professionnels d'éviter de tomber dans ces pièges et donc de débiaiser la prise de décision. >> Pour vous aider à mieux comprendre, donnons quelques exemples de biais cognitifs. Pour commencer, on peut parler du biais de disponibilité. [MUSIQUE] >> Le biais de disponibilité s'explique par le fait que notre cerveau va toujours privilégier les informations les plus immédiatement disponibles à notre mémoire. Donc, d'une certaine façon, notre cerveau est fainéant. Il va aller chercher les raccourcis, les associations d'idées ou encore les routines mentales déjà développées par l'expérience. >> Le fait que notre cerveau soit fainéant, ce n'est pas très grave dans un monde stable parce que dans un monde stable, les idées d'hier valent toujours aujourd'hui. Mais dans l'incertain, c'est gênant parce que l'environnement change en permanence. Du coup, si les agents économiques continuent d'utiliser les raccourcis du monde d'avant, ils prendront de mauvaises décisions. Pour combattre le biais de disponibilité, il faut que les agents économiques s'empêchent d'utiliser les modes de pensée, les routines mentales, les réflexes auxquels ils recouraient dans le monde d'hier. Il faut qu'ils réinitialisent leur cerveau en quelque sorte, pour éviter d'aller chercher les informations les plus immédiatement disponibles, celles qu'ils ont développées par l'expérience. >> Avec le DMC, les décisions prises se fondent sur des raisonnements nouveaux qui viennent déconstruire les réflexes et les modes opératoires mobilisés dans le monde d'avant. >> Un autre biais cognitif dont sont victimes les agents cognitifs dans l'incertain c'est le biais de substitution. [MUSIQUE] Dans un contexte d'incertitude, les questions auxquelles on fait face sont souvent complexes. Et l'être humain n'aime pas la complexité. Il va donc avoir tendance à substituer ces questions complexes par des questions simples pour lesquelles il a déjà la réponse. >> Donnons un exemple volontairement simpliste pour illustrer ce second type de biais cognitif. Imaginez un dirigeant d'entreprise qui envisagerait d'exporter son produit ou son service en Chine. La question de savoir si son projet pourrait fonctionner ou pas est une question complexe. Il pourrait donc avoir tendance à substituer cette question complexe par une question plus simple qui pourrait être par exemple, existe-t-il un acteur en Chine qui fait déjà la même chose que moi sur place? Cette question sur l'état de la concurrence en Chine est beaucoup plus simple. Il est facile d'en obtenir une réponse. Mais cette question ne répondra que très partiellement, voire ne répondra pas à la question complexe devant lequel le dirigeant était initialement. Ce glissement de la question complexe vers la question simple est souvent inconscient et amène de nombreux acteurs économiques à commettre des erreurs d'analyse. >> L'une des forces du D.M.C c'est de permettre aux professionnels d'éviter le biais de disponibilité, le biais de substitution mais aussi tous les autres biais et tous les autres pièges mentaux identifiés dans la littérature. Alors, prêt pour en savoir plus sur le D.M.C? Ça veut dire quoi d'ailleurs DMC? >> Decision Model Canvas. >> Decision Model Canvas. >> C'est-à-dire? >> Decision Model Canvas. En français, Canvas ça veut dire canevas, c'est-à-dire une trame en quelque sorte. Et on a décidé d'appeler notre outil Decision Model Canvas pour signifier qu'il va accompagner celui ou celle qui l'utilise dans son processus de réflexion pour prendre une décision dans l'incertain. >> Par ailleurs, en appelant notre outil de cette façon, on a aussi voulu faire un clin d'œil au Business Model Canvas développé par Yves Pigneur et Alexander Osterwalder qui sont deux profs de l'Université de Lausanne. Notre outil est vraiment très différent du leur, il n'a pas grand-chose à voir d'ailleurs, mais il participe quand même d'une même logique qui est celle de jeter des ponts entre le monde de la recherche et le monde professionnel à l'aide d'un outil qui est très facilement actionnable. >> Et ça prend quelle forme, ce Decision Model Canvas? >> Cette forme-là. Rassurez-vous, on va vous apprendre à le piloter. On va le faire avec 12 vidéos ensemble qui ont toutes été tournées dans nos locaux, ici dans les bâtiments de l'institut Mines Télécom et de Télécom Paris où je me trouve et regardons ensemble la prochaine vidéo qui va d'ailleurs présenter le parti pris de cet outil. [MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE] [MUSIQUE]